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10 février 2009 2 10 /02 /février /2009 10:08

 


Consigne 25: la page blanche ( Kildar- Madam'Aga)

 

Une salle surchauffée au propre et au figuré. Un public jeune, vingt cinq, trente cinq et moi, à peine plus vieille. Si on veut puisque tout est dans la tête. Pour arbitrer le match un sosie de Mustapha El Atrassi. Humour et dérision, un rien directif, un rien affectif, surtout incisif.  Il est là pour fixer des règles, donner les thèmes, compter le temps, sanctionner les fautes. Et nous retourner, nous public, qu’on applaudisse, qu’on se taise, qu’on se lève. Il supervise aussi les prestations d’apprentis DJ qui obéissent au doigt… Et à l’œil.

Le spectacle se compose de deux parties. Première année contre deuxième année, l’impro ça vient du Canada et ça s’apprend, ça se prépare, ça se contrôle. Enfin pas toujours. Il y a ceux qui ont de la répartie tout de suite, et ceux qui suivent, l’air étonné, le bras levé, un fou rire au coin des lèvres.  Il y a des grimaces, des mimiques, des sauts en l’air, des envolées lyriques et des phrases assassines qui tombent comme des mouches dans un bol de soupe. Il faut réagir aussitôt, rester dans le thème, ne pas perdre pied. Et ce jusqu’au coup de sifflet final, Jusqu’à la sanction de l’arbitre. Quelle belle leçon de vie !

Moi, je vous ai tous observés. Votre  sens de la répartie et des rictus, l’aisance avec laquelle vous évoluez. Vous vous défendez de charmer ou de séduire, vous êtes des clowns au rire communicatif.  Vous vous  prêtez au jeu parfois, êtes le black ou la chinoise de service, comme c’est facile de s’enrouler comme un nem sous les directives d’un Fabrice Eboué plus vrai que nature.  Et moi j’imagine Lin Dan Pham, Gong li ou Lucy Liu. Je vois de la grâce et de la magie, de la beauté. Evidemment tous ces bigoudis déchaînés qui se lovaient  dans les cheveux d’une Catherine Deneuve lors d’un sketch ayant pour thème les bigoudis vengeurs, m’ont fait rire à gorge déployée. J’y étais presque, au théâtre, le vrai, ou au cinéma parmi les grands. J’ai cru apercevoir Thierry Frémont et le Moine de Kaamelot. Illusion, vrai talent d’artistes en herbe ? Je le crois sans hésiter. D’ailleurs  tous ont eu les gestes, les mots, les attitudes du burlesque, de l’absurde.    

Tous ont su concevoir, inventer, suivre une direction autre que celle qu’ils s’étaient fixés au départ. Pirouetter, voltiger, c’était du grand art. Ils se sont emparés de la scène, appliqués à la remplir de lumière, de sons, de mots.

Je crois que c’est ça, vaincre l’angoisse de la page blanche. C’est quand des personnages bien campés, kidnappent l’auteur et en font le spectateur ébahi des scènes qui se déroulent sous ses yeux.  

 

 

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commentaires

A
Ah le théâtre et l'improvisation ! C'est très difficile à faire mais tellement jouissif . Bravo pour ton texte,il est super
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M
<br /> Je suis allée voir une copine sur la  scène d'un théâtre d'impro la semaine dernière et les efforts fournis par toute l'équipe m'ont paru symboliser cette angoisse de la création.<br /> C'était vraiment très fort!<br /> <br /> <br />

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