8 janvier 2015
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Décrire un vêtement qui nous est cher, tel est le défi 136 de ce jeudi en poésie chez Enriqueta pour les Croqueurs de mots
C’est un petit manteau que j’avais oublié
De ceux qu’on pend au clou derrière la porte d’entrée
Quand on laisse au dehors le givre et l’air glacé
Et qu’on se vautre au creux d’un canapé douillet
Il était bien coupé, me couvrait les épaules
Sans jamais trop peser, aussi doux qu’une étole
Limé aux emmanchures, il était le symbole
De mes jeunes années, du droit à la parole
Je n’aimais pas le col, tout couvert de fourrure
A l’aide d’un crayon j’ai gratté la doublure
Et j’ai redessiné une toute autre parure
Conforme à mes idées, mes choix et ma nature
Je croyais que chacun était libre d’exprimer
Ses idées, sa folie, ses rêves et ses regrets
Mon paletot idéal, mon costume préféré
Etait plutôt banal, je le portais sans arrêt
Quelqu’un un jour l’a pris et me l’a déchiré
Sos prétexte que mes goûts ont ses yeux agressé
Ce n’est pas vraiment grave, un vêtement saccagé
Ce n’est que de la rage, du dépit, un rejet
Ce n’est qu’une bêtise, un acte de barbarie,
Et ce n’est pas la guerre, ni l’horreur et les cris
La haine pure et brutale, l’intolérance aussi
Qui ont cloué la presse et ravagé Charlie.